Les pays africains paient huit fois plus d'intérêts sur leurs prêts que leurs homologues européens et quatre fois plus que les États-Unis, en raison d'évaluations déformées effectuées par les agences de notation de crédit mondiales, a révélé l'Organisation des Nations Unies.
Selon Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED, le coût excessif de la dette pousse ces pays à dédier une part considérable de leurs ressources au remboursement de leurs dettes envers les pays développés, au détriment d'investissements essentiels dans des secteurs économiques clés.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à l'occasion de la publication du Rapport sur le Développement Économique en Afrique 2023, Grynspan a souligné que les pays africains paient des taux bien plus élevés que leurs homologues des nations développées, malgré des profils de risque similaires. Cette disparité dans les coûts de crédit entrave leur potentiel économique, notamment en limitant leur participation dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.
La secrétaire générale a vivement critiqué les agences de notation internationales, pointant du doigt leur contribution à la distorsion de la perception du risque attribué à l'Afrique. Elle a qualifié cette évaluation de "déformée par des perceptions", soulignant que les faits ne justifient pas nécessairement cette stigmatisation.
Le système de notation du crédit, dominé par des acteurs tels que Fitch Ratings, Moody’s Investors Service et Standard & Poor’s, est au centre des préoccupations. Grynspan a déploré le manque d'intégration des agences de notation dans la réalité des pays en développement, critiquant leur centralisation excessive. Elle a remis en question leur connaissance réelle de ces économies, insinuant que leur évaluation souvent réduite à un simple tableau Excel ne reflète pas adéquatement les complexités et les dynamiques en jeu.
La secrétaire générale a évoqué un fait alarmant: actuellement, plus de 3,3 milliards de personnes résident dans des nations, dont plusieurs en Afrique, où les dépenses liées au service de la dette dépassent les investissements dans des domaines cruciaux tels que l'éducation et la santé.
Cette réalité pose une question fondamentale: comment ces pays pourront-ils atteindre les objectifs de développement durable s'ils sont entravés dans leur capacité à allouer des ressources adéquates à des secteurs aussi vitaux que l'éducation et la santé en raison des charges de remboursement de la dette?