Le 18 septembre dernier, l'UNESCO a fait résonner les cloches de la fierté tunisienne en inscrivant Djerba sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial. Cette désignation souligne la richesse culturelle de la plus grande île de la Tunisie et suscite de grandes attentes quant à son impact sur le tourisme et l'économie locales.
Cependant, se pose la question cruciale: cette reconnaissance internationale va-t-elle véritablement contribuer à renforcer l'attractivité de la région sur le plan touristique?
L'impact socio-économique de l'inscription d'un site sur la liste de l'UNESCO est une question qui a captivé l'attention de nombreux experts et décideurs. Il est donc peu surprenant que de nombreuses études aient déjà été réalisées à ce sujet.
Par exemple, une étude menée au Royaume-Uni et publiée en 2015 par la Commission nationale pour l'UNESCO a révélé que les sites associés à l'UNESCO en Écosse ont généré environ 10,8 millions de livres sterling entre avril 2014 et mars 2015. Mais ces revenus sont-ils directement liés à l'intégration de ces sites dans la liste de l'UNESCO?
Identifiant un lien direct entre l'inscription à l'UNESCO et le développement économique, l'organisation onusienne elle-même a reconnu que la question est complexe.
Une étude intitulée "Effets sociaux et économiques de la désignation au patrimoine mondial de l'UNESCO", publiée en 2020 dans SSRN, a tenté de répondre à cette question en standardisant la mesure de l'impact d'une telle désignation.
Les auteurs de cette étude ont choisi quatre indicateurs clés pour quantifier l'impact potentiel de cette désignation: le Produit Intérieur Brut (PIB), le nombre de nuits passées dans les établissements touristiques, le taux de chômage et le niveau d'éducation supérieure.
"En standardisant ces facteurs", notent les auteurs, "il était plus facile de comparer les données de différents sites de tailles, de natures et d'emplacements différents."
Les résultats de cette étude étaient clairs: aucune preuve convaincante n'a émergé d'une relation directe entre la désignation UNESCO et le développement socio-économique dans les régions concernées par la désignation.
Il semblerait donc que l'idée répandue selon laquelle l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO entraîne automatiquement un développement économique et social substantiel ne soit pas corroborée par les données. En d'autres termes, ce n'est pas la désignation elle-même qui génère ces impacts.
En revanche, comme l'ont noté les auteurs de l'étude réalisée en 2015, un lien évident a été établi entre les actions entreprises par les acteurs locaux pour promouvoir les sites étudiés et l'impact socio-économique que ces sites ont pu engendrer. Ainsi, il semblerait que le succès économique résulte davantage des efforts locaux de promotion et de développement que de la simple reconnaissance de l'UNESCO.