Les prix du blé ont connu une spectaculaire augmentation suite à une frappe de drone russe sur un port ukrainien situé sur le fleuve Danube.
L'armée ukrainienne a signalé que des drones en provenance de Moscou ont ciblé les stocks de céréales du pays en attaquant les infrastructures portuaires de l'Ukraine pendant la nuit. Les preuves géolocalisées et les vidéos montrent qu'un silo à grains du port de Reni a été touché et gravement endommagé.
Conséquence immédiate de cette attaque, sur le Chicago Board of Trade, l'un des marchés mondiaux majeurs pour les produits agricoles, les contrats à terme sur le blé ont augmenté de 8,5%, atteignant 7,57 dollars le boisseau (environ 17,3 kg). C'est le prix le plus élevé enregistré depuis au moins 5 mois.
D'autres produits ont également été touchés, tels que le maïs, dont les prix ont augmenté de 4,7% pour atteindre 5,52 dollars le boisseau, enregistrant une hausse de près de 15% depuis le début du mois.
La dépendance tunisienne aux importations
En ce qui concerne la Tunisie, les données de l'Institut national de la statistique (INS) révèlent que la balance commerciale avec l'Ukraine a enregistré un déficit de 726 millions de dinars au cours des six premiers mois de 2023. Cela souligne l'importance cruciale de la relation commerciale entre les deux pays dans le secteur des céréales.
Selon les chiffres de l'Observatoire national de l'agriculture (Onagri), les importations de céréales en Tunisie, toutes sources confondues, ont atteint 1,9 million de dinars fin mai 2023, enregistrant une baisse de 16,3% par rapport à la même période de l'année précédente. Cette baisse s'explique principalement par la diminution des prix sur les marchés internationaux, avec une baisse de 20,7% pour le blé dur et de 15,1% pour le blé tendre.
Un accord vital
Les traders redoutent désormais une réduction de l'approvisionnement en raison de l'effondrement de l'accord sur les céréales de la mer Noire la semaine dernière, ainsi que des attaques de drones russes répétées sur les infrastructures portuaires ukrainiennes.
L'accord qui garantissait le passage en toute sécurité des navires transportant des céréales à partir des ports ukrainiens, conclu grâce à l'intervention de la Turquie et des Nations Unies il y a un an, a permis jusqu'à présent l'exportation de près de 33 millions de tonnes métriques de denrées alimentaires par le biais des ports ukrainiens. Avant la guerre, l'Ukraine représentait 10% des exportations mondiales de blé et était le cinquième plus grand exportateur de ce produit, selon l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques.
L'indice mondial des prix alimentaires compilé par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture avait atteint un niveau record en mars 2022, mais il a depuis baissé de manière constante.
Cette montée en flèche des prix du blé suscite des préoccupations quant à son impact sur l'économie tunisienne et souligne l'importance pour le pays de diversifier ses sources d'approvisionnement en céréales.
Face à cette situation, les autorités tunisiennes devraient envisager des mesures pour atténuer l'impact de cette hausse des prix sur les consommateurs, surtout que le marché est déjà confronté à une pénurie de farine et de semoule. Les lignes devant les boulangeries pourraient, malheureusement, s'allonger.