Le Conseil d'Administration de la Banque Centrale de Tunisie a décidé de maintenir le taux directeur à 8%. Cette décision a été annoncée dans un communiqué publié aujourd'hui.
Le Conseil a noté que malgré l'atténuation des effets des chocs externes, l'inflation continue d'évoluer à des niveaux historiquement élevés. Elle reste soumise à des pressions internes. Par conséquent, il est essentiel de contenir les pressions provenant d'une demande excessive par rapport aux capacités de production du pays. C'est une condition nécessaire pour maintenir l'inflation sur une tendance à la baisse dans les prochains mois.
Les perspectives des prix à la consommation suggèrent une détente graduelle de l'inflation. On prévoit un taux d'environ 7% en moyenne en 2024, contre 9,3% en 2023. Cependant, la trajectoire future de l'inflation est entourée de risques à la hausse. Ces risques sont liés notamment à la hausse des prix internationaux, à l'escalade des tensions géopolitiques, à l'aggravation du stress hydrique et à une pression accrue sur les finances publiques.
En ce qui concerne le secteur extérieur, le solde des opérations courantes a montré une amélioration en février 2024 par rapport à la même période de l'année précédente. Le déficit courant s'est réduit à 163 MTND (soit -0,1% du PIB) au terme des deux premiers mois de 2024, contre 797 MTND (soit -0,5% du PIB) un an plus tôt. Cette performance est principalement due à la réduction du déficit commercial, qui s'est établi à 1.784 MTND contre 2.359 MTND à fin février 2023.
Cependant, le Conseil a exprimé sa préoccupation quant à l'augmentation du déficit énergétique. Il s'élevait à 1.823 MTND à fin février 2024, contre 1.693 MTND un an plus tôt. Cette situation est principalement due à la détérioration des capacités de production et au retard important dans la mise en place des projets de transition énergétique. Ce contexte pourrait affecter l'amélioration du secteur extérieur, surtout dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la résurgence des pressions sur les prix internationaux de l'énergie.
Les derniers indicateurs conjoncturels disponibles montrent une amélioration relative de la croissance du PIB au premier trimestre 2024. L'activité économique a bénéficié du redressement graduel du secteur agricole après une contraction historique de -11% en 2023. Cette contraction a réduit la croissance économique annuelle de plus d'un point de pourcentage. De plus, le dynamisme des exportations de biens et des entrées touristiques durant les deux premiers mois de 2024 devrait stimuler la croissance. En outre, les importations de biens d'équipement ont également augmenté par rapport à l'année précédente.