La dépendance croissante du gouvernement tunisien aux financements locaux et la pression que cette tendance peut exercer sur les marchés locaux ont été soulignées dans un rapport récemment publié par la Banque mondiale.
Le rapport de la Banque mondiale note la croissance rapide de la dette publique, passant de 66,9% à 80,2% du PIB entre 2017 et 2023. Cette hausse reflète, selon les auteurs du rapport, l'augmentation des dépenses publiques et le ralentissement de l'économie.
La sollicitation des marchés locaux comme source de financement a entraîné une croissance annuelle de plus de 17% de l'exposition du secteur bancaire à l'État. Ceci a fait que la part de l'administration centrale dans les créances totales du secteur bancaire est passée d'une moyenne de 14,4% en 2015 à 32% en 2023.
Dans un contexte de croissance limitée du crédit, cette tendance a déplacé le crédit vers le reste de l'économie. La Banque mondiale estime que la part des prêts à l'économie a diminué à un rythme annuel de 3%.
Risque sur la stabilité du dinar
Le gouvernement fait également de plus en plus appel au marché local pour ses emprunts en devise étrangère.
En octobre dernier, par exemple, le gouvernement a emprunté au système bancaire national pour rembourser une euro-obligation de 500 millions d'euros. Et en février 2024, la BCT a financé le budget à hauteur de 7 milliards de dinars, dont une partie provenant des réserves de la banque centrale en devises étrangères.
Le prêt a été en partie utilisé quelques semaines plus tard pour rembourser une euro-obligation de 850 millions d'euros (2,9 milliards de dinars), qui représente le remboursement le plus important en 2024.
Ce niveau offre encore une réserve suffisante vis-à-vis des importations (108 jours de couverture) et du remboursement de la dette extérieure à court terme, affirment les auteurs du rapport. Ceci, ajoutent-ils, explique en partie la stabilité du dinar face aux remboursements importants des euro-obligations.
Toutefois, les experts de la Banque mondiale préviennent que le recours continu au financement monétaire pourrait éroder les réserves, ce qui pourrait engendrer des risques pour la stabilité de la monnaie et des prix.