La Tunisie peut devenir un hub continental pour l’industrie des dispositifs médicaux, affirme la CNUCED

La Tunisie fait partie des huit pays africains qui concentrent plus de 80% de la production pharmaceutique sur le continent.
Published on Aug. 28, 2023, 9:15 a.m.

Au cours des deux dernières décennies, plusieurs pays africains ont accompli des avancées significatives dans le développement de leur propre secteur pharmaceutique. Cependant, force est de constater que cette réussite demeure l'apanage d'une minorité, comme en témoignent les données de 2021. Seuls 20 pays du continent sont en mesure d'abriter une capacité de production pharmaceutique, parmi lesquels huit pays concentrent à eux seuls 80% de la production locale.

Il s’agit de l'Afrique du Sud, l'Égypte, le Kenya, le Maroc, la Tunisie, l'île Maurice, le Ghana et l'Ouganda.

D’un autre côté, la production se concentre principalement sur les produits génériques, représentant environ 70% de la valeur totale de la production locale. Cependant, une grande partie des défis sanitaires d'aujourd'hui provient de maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète, qui pourraient ne pas répondre efficacement aux produits génériques.

De plus, les maladies non transmissibles nécessitent, pour le diagnostic et le suivi, une utilisation croissante de dispositifs médicaux. Cependant, la production africaine de tels équipements reste très limitée.

Selon les données des Nations Unies, le déficit commercial dans le secteur des dispositifs médicaux s'élevait à 2,6 milliards de dollars de 2018 à 2020, soit une augmentation de 100% par rapport à 1,3 milliard de dollars de 2008 à 2010. Et compte tenu de la croissance du PIB, de la population et de la demande croissante de dispositifs médicaux, le solde commercial négatif devrait encore augmenter.

En tant que plus grands exportateurs de dispositifs médicaux en Afrique, la Tunisie (193 millions de dollars de 2018 à 2020), l'Afrique du Sud (119 millions de dollars), l'Égypte (35,8 millions de dollars) et l'île Maurice (32,2 millions de dollars) peuvent facilement servir de hubs potentiels. D’après le rapport Economic Development in Africa, publié par la CNUCED, le potentiel peut être exploité grâce à la mise en œuvre de technologies et de solutions innovantes, en particulier dans les zones rurales.

D'autre part, pour être compétitives dans une industrie axée sur la technologie et la numérisation comme celle-ci, les entreprises doivent avoir une capacité numérique élevée. Cependant, les capacités de la région à absorber de nouvelles technologies sont limitées en raison du manque de main-d'œuvre qualifiée, de logistique efficace et d'infrastructures.

Pourtant, les pays africains peuvent intégrer la chaîne d'approvisionnement médicale grâce à une combinaison de liens verticaux ou horizontaux, exploitant ainsi la chaîne d'approvisionnement régionale.

En fait, l'Afrique représente 12% des exportations mondiales de matériaux miniers clés, notamment le titane, pilier de nombreuses applications médicales, notamment dans les dispositifs de contrôle cardiaque. Ainsi, l'augmentation du commerce intra-africain peut constituer un bon point de départ pour tirer parti de l'avantage comparatif de l'Afrique dans l'approvisionnement en métaux destinés à la chaîne d'approvisionnement des dispositifs médicaux.

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine peut jouer un rôle important pour faciliter cela. Par exemple, le tarif appliqué aux importations de platine brute d'Afrique du Sud vers la Tunisie représente 15% de la valeur du métal expédié et 25% au Kenya. Par contre, ce taux est de 0% pour l’Allemagne et les États-Unis! Cela constitue un désavantage concurrentiel évident pour les pays africains visant à produire des dispositifs médicaux. Cependant, les objectifs de libéralisation tarifaire de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine peuvent être une solution.