En 2022, une étape historique a été franchie dans le secteur du capital-investissement: les financements accordés ont dépassé, pour la première fois, le seuil symbolique des 500 millions de dinars pour culminer à 523 MTND. Cette prouesse a été rendue possible grâce à une augmentation considérable de 52% des investissements, marquant ainsi un arrêt à une tendance baissière qui s'était installée depuis trois ans.
C’est ce qu’a révélé le rapport annuel de l’Association tunisienne des investisseurs en capital publié la semaine dernière.
Au total, pas moins de 161 opérations ont bénéficié de financements par le private equity au cours de l'année écoulée. Parallèlement, le ticket d'investissement moyen a lui aussi connu une progression, atteignant 3,1 millions de dinars.
Grâce à ces investissements, plus de 5200 emplois ont été créés ou maintenus, à un coût moyen d'environ 100 000 dinars par poste.
Toutefois, tous les secteurs du capital-investissement n'ont pas profité équitablement de cette performance remarquable. Le capital-risque, par exemple, a vu ses investissements chuter de 77% pour atteindre 56.4 millions de dinars, soit leur plus bas niveau depuis 2018.
En revanche, le capital-développement a réalisé sa meilleure performance depuis 2019, avec des investissements s'élevant à 308 millions de dinars, soit une augmentation de 85%. Cette branche garde sa place centrale accaparant 59% des montants investis.
Mais c'est l'activité du capital-retournement qui a véritablement brillé en 2022. Ce secteur, longtemps délaissé, a enregistré une croissance impressionnante de 130% en une seule année, pour atteindre 158 millions de dinars. Au fait, près de la moitié des investissements réalisés en 2022 par l’industrie de capital-investissement, soit 213 millions de dinars, ont été dirigés vers des projets de restructuration.
Ce regain d'intérêt pour le capital-retournement s'explique par l'exonération fiscale accordée aux investissements des FCPR et SICAR dans les opérations de transmission et de restructuration des entreprises. Cette dynamique devrait donc se maintenir au cours des 18 prochains mois, la loi de finances 2023 ayant prolongé les délais d'éligibilité à cet avantage fiscal jusqu'en décembre 2024.
Cependant, bien que presque tous les indicateurs soient au vert pour le capital-investissement, il est crucial de rappeler que la contribution du secteur du private equity au financement de l'économie nationale demeure modeste.
Selon le bulletin des statistiques financières de la Banque centrale, les crédits à l'économie ont atteint 104.5 milliards de dinars à fin décembre 2022, enregistrant ainsi une hausse de plus de 8 milliards de dinars par rapport à fin 2021.
Malgré une année 2022 marquée par des performances exceptionnelles dans le secteur du capital-investissement, il est évident que la route est encore longue. Le potentiel du private equity à stimuler l'économie est immense, mais les défis demeurent. L'avenir de l'industrie sera sans doute façonné par la poursuite des initiatives de soutien fiscal comme celle que nous avons vue avec le capital-retournement, couplée à une stratégie d'investissement plus diversifiée et plus inclusive.