Les discussions autour de la production de l'hydrogène vert en Tunisie ont souvent mis l'accent sur le potentiel de ce gaz dans la production et le stockage de l'énergie électrique. Cependant, pour la Tunisie, ces applications présentent un potentiel relativement faible.
Selon la stratégie nationale de production de l'hydrogène vert publiée par le ministère des énergies, la nature de la production électrique dans le pays fait que le besoin en hydrogène est très limité. En effet, ce gaz est généralement utilisé comme une source alternative permettant de se prémunir contre la fluctuation de la production électrique des énergies solaire et éolienne.
Dans un pays où ces derniers ne contribuent qu’à hauteur de 3% du mix énergétique, le besoin en hydrogène est simplement inexistant et peut être remplacé par des solutions plus rentables telles que les batteries.
Cela signifie-t-il qu'il n'y aura pas besoin d'hydrogène sur le marché local? Pas nécessairement. En fait, la production d'hydrogène sur le marché local pourrait aider la Tunisie à résoudre un autre problème de taille: le manque d'engrais.
Le document du ministère des énergies indique que l'hydrogène peut être utilisé pour la fabrication de l'ammoniac, qui est utilisé directement comme engrais (ammonitrate agricole) ou pour la production de fertilisants par le Groupe Chimique. Actuellement, il n'y a pas de production nationale d'ammoniac, qui est totalement importé.
La demande d'ammoniac en Tunisie pourrait ainsi augmenter à l'avenir si la production d'engrais revenait à son niveau optimal.
Potentiellement, l'ammoniac vert pourrait être produit en Tunisie à partir d'hydrogène vert pour répondre à cette demande. En fait, ce secteur est considéré comme la cible principale pour le développement du marché local à moyen terme, affirme le ministre.
Mais l'ammoniac n'est pas le seul élément que l'on peut produire à partir de l'hydrogène : le méthanol est un autre élément fabriqué à partir de l'hydrogène et qui est actuellement totalement importé. Le méthanol est utilisé dans divers domaines industriels en Tunisie, bien qu'en faibles quantités.
Le ministère note dans son document que le potentiel de croissance de la demande de méthanol restera limité et sa production locale ne peut être réalisée qu'en tant que sous-produit dérivant de la stratégie générale.
Et qu'en est-il du transport? La stratégie précise à ce niveau que l'utilisation de l'hydrogène pour remplacer les carburants pour les voitures offre une faible rentabilité technico-économique. Cependant, ce gaz représente un fort potentiel de développement à long terme pour les bus et les véhicules lourds dans des flottes dédiées, avec un kilométrage quotidien élevé sur des itinéraires fixes et un ravitaillement centralisé.
L'hydrogène peut donc représenter une solution idéale pour la Transtu, dont les bus présentent les caractéristiques idéales.
Cela signifie que le transport maritime est le seul moyen de transport qui peut bénéficier considérablement d'une production locale d'hydrogène à court terme, car il peut être utilisé comme source d'énergie pour les navires, aussi bien à son état brut ou après transformation en ammoniac ou méthanol.